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Ghost Stories of an Antiquary (1904)

Histoires de fantômes complètes, Nouvelles éditions Oswald, 1990 (32 nouvelles, tr. Xavier Perret & al.) ; 

Il y avait un homme qui demeurait près du cimetière, L’Éveilleur, 2019 (reprise très partielle – 12 nouvelles seulement – du précédent recueil), Tome 1. Le tome 2 est à venir.

 

Relativement peu connu et peu édité en France cet auteur, réputé comme un maître du genre du côté anglo-saxon vient d’être réédité avec bonheur (quoique partiellement) aux Éditions L’Éveilleur, collection Étrange, avec des illustrations intérieures de B.E. Minns (1899) et une postface de Lovecraft qui disait de lui : « L'art de M.R. James n'est pas dû au hasard : il a lui-même énoncé trois excellentes règles pour la création fantastique : une histoire de fantôme doit avoir un cadre familier et moderne, pour être plus proche de l'univers du lecteur ; le phénomène macabre doit être maléfique plus que bénéfique, puisque la peur est l'émotion principale à éveiller ; enfin, il faut soigneusement éviter le jargon technique de “l'occultisme” ou de la pseudoscience... ».

Ici, les fantômes s’évadent de leurs tombes pour témoigner d’une injustice, pour aller se venger des vivants ou encore poursuivre les noirs desseins qui ont nourri leur vie. lls se glissent entre les lignes d’une gravure dans « Mezzo tinto » ou protégent un trésor dans « Le trésor de l’abbé Thomas ». ils se revêtent de draps entortillés et déchaînent la tempête dans « Oh, siffle et j’accourai vers toi, mon garçon ».

L’horreur est amenée à petites touches subtiles dans un décor de constructions antiques et de paysages typiquement britanniques : vieilles maisons de maîtres, châteaux, cathédrales, bords de côtes balayés par les vents... au travers d’une intrigue dont les détails semblent parfaitement ancrés dans la vie réelle, le quotidien, voire le routinier.

Le protagoniste principal de chacune de ces histoires s’apparente à l’auteur, grand érudit amateur de bibliothèques et de documents anciens, à tel point que parfois, on ne sait plus qui est le “je” qui raconte.

En bref, les récits contenus dans ce recueil sont comme des bijoux d’une autre époque, ciselés avec tellement de soin, de précision, de maîtrise, qu’ils en deviennent intemporels et qu’on ne peut que les trouver admirables.

Ces nouvelles ont été adaptées au cinéma ou à la télévision (Rendez-vous avec la peur, Jacques Tourneur, 1957, notamment) et figurent dans plusieurs anthologies du Fantastique (« Le numéro13 » dans Histoires d’aberrations, « Le Comte Magnus » dans Histoires de morts-vivants, Presse Pocket, 1977, par exemple).

C B

Chronique parue dans Gandahar 19 Michel Pagel en juin 2019

 

 

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