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Le Problème à trois corps de Liu Cixin

Un point à préciser tout d'abord : je ne lis jamais les 4e de couverture car j'ai horreur qu'on me gâche le plaisir de la découverte. J'ai donc progressé à l'aveugle dans une intrigue qui déroule plusieurs fils de trame et dont on ne voit le dessin que dans les dernières pages.

 

Nous commençons le récit en nous attachant à Ye Wenjie, une jeune femme qui assiste dans les années 60, lors de la révolution culturelle chinoise, à la mort de son père, assassiné par des gardes rouges alors qu'il refuse de se soumettre à leurs injonctions. Le reste de sa vie d'astrophysicienne va se trouver marqué par ce traumatisme et par rebond,  tout le cours de l'intrigue en sera influencé.

Le deuxième personnage important s'appelle Wang Miao, un spécialiste en nanotechnologie. Il se retrouve mêlé à une enquête policière suite à une mystérieuse vague de suicides de scientifiques de haut niveau. Le détestable et surprenant policier Shi Qiang l'invite à se rapprocher d'une douteuse association de scientifiques que Wang Miao réussit à infiltrer par le biais d'un étrange jeu vidéo baptisé Le problème à trois corps. Le jeu se déroule dans un monde baptisé Trisolaris ou les apparitions aléatoires de trois soleils amènent les dirigeants de ce monde à régulièrement déshydrater et réhydrater la population suivant que les conditions de vie se font plus ou moins difficiles.

Seuls ces deux personnages ont une vraie consistance dans ce récit. L'importance de Ye Wenjie sur l'intrigue ne se révèle que très progressivement. Le troisième élément récurrent est un discours scientifique de haut niveau entremêlant notamment astrophysique et physique quantique. On pourrait penser que les pages consacrées à cet aspect de l'intrigue sont ennuyeuses pour les non initiés or il n'en est rien, bien au contraire. Pour faire une comparaison qui ne vaut peut-être que pour moi et toutes proportions gardées, si certains d'entre vous ont déjà écouté l'émission Sur les épaules de Darwin de France Inter où Jean-Claude Ameisen raconte la science comme une belle histoire, Liu Cixin décortique des phénomènes complexes de manière à nous les rendre intelligibles et même plus : à nous faire apparaître leur beauté.


Je ne révèlerai rien de plus sur l'histoire en elle-même puisque mon but est de donner envie de lire ce livre qui a été largement récompensé, en Chine et ailleurs. J'ajouterai juste que les dernières pages nous emmènent de surprise en surprise et que les visions incroyables qu'elles développent valent bien d'être un peu patient  et d'attendre que se dissipe le brouillard qui nimbe toute la première partie de ce roman. La fin, d'ailleurs, n'en est que provisoire puisque deux opuscules vont compléter cette trilogie : La forêt sombre (Actes Sud, octobre 2017) et Death's End qui n'a pas encore été traduit en français.

 

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