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Les Larmes de Yada de Lilie Bagage

Les Larmes de Yada

Lilie Bagage

Nestiveqnen Éditions

 

   Ce roman aborde un sujet pour le moins original et peu traité dans la fiction : la vieillesse et tout ce qui l’accompagne, solitude, précarité, tristesse, déchéance. Pour son premier roman, Lilie Bagage (qui a publié dans Gandahar n°3) montre qu’elle ne recherche pas la facilité.

   Dans un futur proche (2092), Asha, une femme de 70 ans née en Inde et venue habiter en France et Enis, ancien éducateur à peu près du même âge, ont l’habitude de se retrouver dans un club de lecture situé quartier du Bachut, dans le 8e arrondissement de Lyon. Sans être très proches, ils s’entendent bien. Seulement, un jour, Asha disparaît. Enis se remémore leur dernière conversation relative à la K, la klé, la Klepsydra, une drogue très prisée par les personnes agées car elle permet de se replonger dans son passé, de revivre ses souvenirs comme s’ils étaient réels. Cet échange ne s’est d’ailleurs pas très bien terminé et une inquiétude croissante taraude Enis : et si Asha était tombée dans la K… C’est ainsi qu’il part à sa recherche et remonte sa piste avec  persévérance. Jusqu’où le mènera son obstination ? Quel rôle Kalika la panthère jouera t-elle dans cette histoire ?

   Cette intrigue explore sans complaisance le mental de personnes qui  arrivent au terme de leur vie en se demandant ce que celle-ci serait s’ils avaient opté à certains moments pour d’autres bifurcations. L’âme torturée d’Asha, tiraillée entre l’Inde et la France et ses fantasmes d’autres vies avec d’autres compagnons est très bien rendue… trop peut-être car j’avoue que j’ai eu du mal à m’attacher à elle alors qu’Enis le courageux se pose d’emblée en contrepoint  stable et attirant.

 

   Un premier roman qui revisite le thème du voyage dans le temps d'une manière personnelle et incite à réfléchir au sujet  encore quelque peu « tabou » du grand âge et du chemin vers la mort. CB

Gandahar n°21, décembre 2019

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