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Terre errante de Liu CIxin

Bien que son premier roman, Chine 2185, date de 1989, Liu Cixin a vu sa notoriété exploser les frontières  chinoises assez récemment, avec les traductions de sa trilogie Le Problème à trois corps. À ceux qui n’ont pas encore osé aborder ce monument de SF, la novella Terre Errante donnera en quelques soixante-dix-neuf pages la mesure du talent de son auteur. Une adaptation cinématographique en sera faite en 2019 (The Wandering Earth). Images saisissantes mais scénario loin d’être comparable à cette novella dont il est tiré.

L’expansion du soleil évolue plus rapidement que prévu. Un gouvernement de coalition se forme pour sauver l’humanité ? Deux solutions se partagent l’opinion : construire des arches stellaires pour emmener les hommes explorer le cosmos ou – projet complètement fou – sortir la Terre de son orbite pour la diriger vers un système solaire voisin de la Voie Lactée : Proxima du Centaure, au cours d’un exode de cent générations d’humains, ceci à l’aide de douze mille gigantesques  propulseurs, hauts chacun de onze mille mètres, crachant un plasma bleu issu de la fusion de roches volcaniques : les chalumeaux de Dieu. Après bien des querelles, c’est ce dernier programme qui l’emporte.

L’histoire commence avec le récit d’un petit garçon né à la fin des  quarante-deux années de l’ère du freinage. La Terre vient de s’arrêter de tourner. Nous suivrons ce personnage pendant une cinquantaine d’années, au cours des différentes phases du plan de sauvetage de l’humanité, qui a dû se réfugier dans des cités souterraines, cependant qu’à la surface, la Terre est dévastée.

Toujours à la frontière de la hard science, avec des notions de physique complexe fort bien vulgarisée, de la façon poétique empreinte d’une grande beauté propre à cet auteur, ce récit en chaîne les visions grandioses : chaleur extrême, dégel  des pôles, déluges et violentes marées provoquées par la poussée des propulseurs, ouragans géants qui déracinent les plus grands arbres des forêts…

Les drames et passions du domaine de l’individu s’estompent devant le but commun qui est de survivre à tout prix. De cataclysme en cataclysme, l’auteur nous embarque au travers de l’univers et sa chute sera à la hauteur du récit, étonnante au sens fort du mot. Une sacrée claque ! CB

 

Chronique parue dans Gandahar 23 en avril 2020

 

 

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